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  • Photo du rédacteurCatherine Buisson

Se sentir mal sans être malade: un vécu hautement sensible

Dernière mise à jour : 9 juil. 2021



Vous êtes plus de sept cent personnes à chercher à vous renseigner sur les « symptômes » qui seraient associés au haut potentiel intellectuel (HPI) et autant à l’hypersensibilité. Le HPI et l’hypersensibilité ne sont pourtant pas des maladies !


La notion de « symptôme » renvoie à la manifestation d’une maladie, qu’elle soit perçue de manière subjective par la personne concernée ou objective par un regard extérieur. Ainsi, quand une personne cherche une explication à des « symptômes », elle laisse paraître que certaines difficultés prennent une place conséquente dans sa vie et l’affectent particulièrement. De quel ordre peuvent-elles être ? Dans ses relations sociales, sa vie amoureuse, au travail ou à l’école, sa démarche suggère qu’elle vit mal sa façon de fonctionner pour elle-même ou par ce que les autres lui renvoient.

Serait-ce des difficultés dans la gestion de ses émotions et réactions ? Le sentiment d’être dépassé.e, jusqu’à être épuisé.e par trop de stimulations, faisant vivre alors un quotidien lourd à porter ? Sentir ses valeurs malmenées alors qu’elles sont essentielles pourrait-il aussi entraîner du mal-être ?

En quoi le haut potentiel véhiculerait-il ces inconvénients ? Et qu’en est-il de l’hypersensibilité ? Il apparaît important de distinguer ces deux notions, aujourd’hui souvent rapprochées voire confondues en France. En effet, bon nombre d’auteurs, qu’ils souhaitent aborder le haut potentiel ou l’hypersensibilité, font en l’espèce, un mélange des genres.

Haut potentiel et hypersensibilité : qu’est-ce qui peut amener à rapprocher ces deux traits?

Une apparente rapidité dans la compréhension des situations, du monde, des autres qui serait l’apanage des « surdoué.es », décrit.es comme « très sensibles » et « très intelligent.es ». Et le tour est joué…ces deux traits distincts se trouvent reliés par d’apparentes similitudes. Je vous propose un rapide descriptif de ces deux traits qu’une même personne peut posséder…ou pas.

Seule la passation de tests permet de savoir si une personne possède un haut potentiel intellectuel. Les tests ont été et sont encore largement orientés vers l’intelligence et l’excellence, selon des résultats avérés ou potentiels. Les tests qui mesurent le Quotient Intellectuel total (QI) comme les échelles de Wechsler, permettent de quantifier un facteur d’intelligence générale qui serait un indicateur de la capacité d’une personne à agir avec intelligence dans tout.

C’est là une limite à une description plus fine de la répartition des capacités d’une personne. En effet, certaines personnes sont plus à l’aise et performantes dans certains domaines que d’autres. On note que les nouvelles versions des échelles de Wechsler sont construites pour identifier plus précisément des profils de capacités. Il apparaît plus intéressant de connaître dans quels domaines on obtient des résultats avec aisance pour en faire une force dans sa vie. Reste à savoir si tous les psychiatres et psychologues spécialisés dans la passation de tests de QI réactualisent leurs supports et leur approche. La manière dont les thérapeutes se représentent le haut potentiel est à inclure dans les résultats et ce qu’on peut en retirer.

Finalement, les tests de QI montrent une grande variété de profils. Des auteurs ont étendu l’intelligence à d’autres formes (Gardner, 1999), indépendantes les unes des autres et d’autres présentent un haut potentiel analytique ou pratique, ou encore créatif (Besançon et Lubart, 2010). Ainsi, il n’y a pas que l’intelligence qui compte mais aussi d’autres caractéristiques de la personne et de son environnement.

Intéressons-nous par ailleurs, aux personnes concernées par l’ « hypersensibilité » cherchant des informations à propos des « symptômes » qui y seraient liés. Là encore, il s’agit de regarder de quoi on parle en réalité car il s’agit bien d’un trait de personnalité et non d’une pathologie.

J’opte tout d’abord pour une autre appellation plus juste qu’ « hypersensible », et sans jugement: la « haute sensibilité ». Je me base sur les publications d’Elaine Aron, psychologue américaine qui a décrit ce trait et qui partage encore de nos jours ses recherches et conseils pour mieux vivre en tant que personne hautement sensible (« high sensitive person »). Le fait d’employer « hautement sensible » évite l’écueil de comparer la personne à la majorité qui l’est moins, en introduisant l’idée qu’elle serait « trop » sensible. En effet, il est important de préciser que 20% de la population humaine est hautement sensible et que, comme le souligne Elaine Aron, cette proportion a contribué à l’évolution de l’espèce humaine. Les personnes hautement sensibles anticipent effectivement tout car elle projette les conséquences des événements avant qu’ils ne se produisent. Notons que l’on retrouve ce même pourcentage de membres hautement sensibles chez les animaux.

Cette partie de la population a une sensibilité sensorielle très développée entraînant une hyperstimulation de ses sens et de son cerveau. Bruits, odeurs, lumières,…sont perçus de manière décuplée, parfois envahissante. Elles sont abreuvées d’informations venant de leur environnement et des êtres s’y trouvant, sans le souhaiter et se trouvent à subir cet afflux. D’où l’intérêt de parvenir à prendre conscience de son fonctionnement et pour parvenir à gérer les expositions aux stimulations comme je vous le propose.

Les personnes hautement sensibles perçoivent les détails, les changements autour d’elles de façon subtile. Tout envisager et tout prévoir pour pallier les risques, comme en état d’alerte non-stop : fatiguant voire épuisant si les stratégies d’adaptation sont insuffisantes. D’autant plus que les réactions émotionnelles des personnes hautement sensibles sont intenses. Elles peinent parfois à contrôler leurs réactions qui peuvent paraître disproportionnées. Elles vivent mal qu’on leur renvoie leur caractère « soupe-au-lait » alors qu’elles n’en ont pas toujours la maîtrise.

Elles ont également la particularité de traiter les informations en profondeur, ce qui peut leur prendre du temps mais leur permet d’aller plus loin dans la réflexion. Ce sentiment désagréable de « procrastiner » ou de ne pas aller assez vite, produit pourtant des résultats de qualité.

Les personnes qui cherchent à comprendre leur fonctionnement et qui se demandent si elles sont hauts potentiels ou hypersensibles, sont-elles également surdouées, neuro atypiques ou neurodroitières ? Et que signifie être « zèbre » ? Comment y voir plus clair ? Cela fera l’objet d’un autre article à venir.

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